PROCEZ VERBAL DE If. POULAIN.                 filQ
Les conspirateurs se sentant frustrés, furent con­traints renvoyer leurs capitaines, ausquels fut à cha­cun d'eux baillé argent pour se retirer secrétement et à petit bruit; et fut la levée faite sur les plus affection­nez de certaines grandes sommes de deniers, et un le fait d'iceux, qui étoit intitulé Pour boues. Ceux qui étoient taxez à trente sous, c'étoit trente écus ; et ceux de six sous six écus : de laquelle invention ils tirèrent une bonne somme de deniers de toutes les paroisses, tant de la ville que des fauxbourgs.
M. de Gûyse étant averti de l'entreprise du duc de Mayenne, en fut fort courroucé contre ceux de la Ligue. De fait il leur envoya le sieur de Mayneville, pour sçavoir qui les avoit mus de ce faire : s'ils avoient été pressez du Roy en quelque chose, et pourquoi ils ne lui avoient fait entendre ; qu'ils sçavoient ce qu'il leur avoit promis : s'ils ne s'assuroient pas assez sur sa foi; et finalement qu'ils eussent à dire s'ils étoient entrez en quelque soupçon et défiance de lui. A quoi ceux de la Ligue ne sçavoient bonnement que répondre ni comment s'excuser, sinon qu'ils avoient eu peur que le Roy leur jouât im mauvais tour, voyant qu'il avoit fait emprisonner La Morlière, supplians ledit de May­neville de prier pour eux le duc de Guyse de ne le trouver mauvais, et l'assurer qu'ils avoient plus d'es­pérance en lui que jamais; qu'ils n'y retoumeroient plus. Et pour faire leur accord, donnerent à Mayne­ville une chaîne d'or de quatre ou cinq cents écus.
En l'an 1587 > ^a Majesté partit de Paris pour aller au devant des reistres, et laissa à Paris la Reine sa mere et la Reine sa femme pour gouverner en son absence. Et lors messieurs de la Ligue furent en délibération de
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